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Le temps est compté pour Macron : prochaine étape pour la France ?

Le temps est compté pour Macron : prochaine étape pour la France ?
Le temps est compté pour Macron : prochaine étape pour la France ?

Après huit ans de mandat, la position d'Emmanuel Macron en tant que président est soumise à une pression croissante à mesure que la crise politique française s'aggrave.

Macron s'appelait autrefois "maître des horloges", mais sa maîtrise du temps n'est plus ce qu'elle était. Pour la troisième fois en un an, le Premier ministre qu'il avait choisi a démissionné, et les sondages d'opinion suggèrent que près des trois quarts des électeurs pensent que le président devrait lui aussi démissionner.

Édouard Philippe, allié de longue date, qui a été le premier Premier ministre de Macron de 2017 à 20 ans, l'a exhorté à nommer un Premier ministre technocrate et à convoquer des élections présidentielles de "manière ordonnée".

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Le Premier ministre Sébastien Lecornu a annoncé sa démission au début d'une journée de drame politique ce lundi, après seulement 26 jours en poste.

Quelques heures plus tard, il a déclaré qu'il avait accepté la demande de M. Macron de rester en poste pendant 48 heures supplémentaires afin de mener des discussions de dernière minute avec les partis politiques "pour la stabilité du pays".

Ces rebondissements inattendus sont les derniers d'une longue série de bouleversements qui ont commencé avec la décision d'Emmanuel Macron de convoquer des élections législatives anticipées en juin 2024. Le résultat a été un parlement sans majorité dans lequel les partenaires centristes de M. Macron ont perdu leur majorité et ont dû chercher des alliances avec d'autres partis.

Le chef de l'un de ces partis, Bruno Retailleau des Républicains conservateurs, s'est retiré du gouvernement Lecornu 14 heures après son annonce.

Les sondages d'opinion suggèrent que près de trois quarts des électeurs pensent que M. Macron devrait se retirer.
Les sondages d'opinion suggèrent que près de trois quarts des électeurs pensent que M. Macron devrait se retirer.

Tout tourne autour de la dette de la France

Le grand défi auquel M. Lecornu et ses deux prédécesseurs ont dû faire face a été de s'attaquer à la dette publique paralysante de la France et de surmonter les divisions idéologiques entre les partis de centre qui pourraient faire partie d'un gouvernement.

Au début de l'année, la dette publique s'élevait à 3 345 milliards d'euros, soit près de 114 % de la production économique (PIB), ce qui en fait la troisième plus élevée de la zone euro après la Grèce et l'Italie. Le déficit budgétaire de la France devrait atteindre cette année 5,4 % du PIB.

Michel Barnier et François Bayrou n'ont tenu que trois et neuf mois respectivement avant d'être évincés lors de votes de confiance alors qu'ils tentaient de s'attaquer au déficit à l'aide de budgets d'austérité.

Lecornu n'est même pas allé jusqu'à présenter un plan budgétaire. Les critiques ont afflué de toutes parts dès qu'il a présenté son cabinet, le dimanche après-midi, et dès le lundi matin, il a estimé que sa position était intenable.

Il a imputé son départ à l'immobilisme des partis qui, selon lui, "se comportent tous comme s'ils avaient la majorité".

Tous les partis ont en ligne de mire les prochaines élections présidentielles de 2027 et se préparent également à l'éventualité d'élections législatives anticipées au cas où Macron dissoudrait à nouveau le parlement.

Quels sont les principaux acteurs de cette crise ?

Les dirigeants qui appellent Macron à démissionner depuis des mois sont issus de la droite dure et de la gauche radicale.

Marine Le Pen et son jeune lieutenant du Rassemblement national d'extrême droite, Jordan Bardella, sont prêts pour les élections et ont refusé l'invitation de M. Lecornu à s'entretenir avec eux.

Jean-Luc Mélenchon, de la gauche radicale La France insoumise (LFI), a fait campagne pour la destitution de Macron, bien que cela semble peu probable. Il est soutenu par les Verts.

Les socialistes de centre-gauche d'Olivier Faure, alliés à la gauche radicale lors des dernières élections, ont discuté avec M. Lecornu à condition qu'il forme un gouvernement de gauche.

Il y a aussi Gabriel Attal, qui dirige le parti centriste Renaissance de M. Macron, mais qui a déclaré qu'il ne comprenait plus les décisions du président.

Au centre-droit, on trouve Bruno Retailleau, dont les Républicains ont fait partie de ce qu'on appelle le socle commun avec les centristes.

Une élection anticipée profiterait en particulier au Rassemblement national de Marine Le Pen, parti de la droite dure.
Une élection anticipée profiterait en particulier au Rassemblement national de Marine Le Pen, parti de la droite dure.

Que se passe-t-il maintenant ?

M. Lecornu a entamé des discussions approfondies avec les représentants des partis et a jusqu'à mercredi soir pour présenter une "plateforme d'action et de stabilité" à M. Macron.

Quatre options s'offrent à vous, mais aucune n'est satisfaisante.

  • Si M. Lecornu parvient à persuader les partis de centre de former une sorte de gouvernement, M. Macron pourra alors nommer un nouveau premier ministre, quel qu'il soit. M. Lecornu a indiqué qu'il ne souhaitait pas occuper ce poste, bien qu'il ne s'agisse pas d'un non définitif. Les augures ne sont pas très bons. Lorsqu'il a démissionné lundi, M. Lecornu a déclaré : "J'étais prêt à un compromis, mais tout le monde s'est trompé : "J'étais prêt à faire des compromis, mais tous les partis voulaient que l'autre partie adopte leurs programmes dans leur intégralité". Mais la France doit adopter une sorte de budget 2026 pour s'attaquer à sa dette nationale, et les factions le savent.
  • Si M. Lecornu échoue, l'Elysée a indiqué que M. Macron "prendrait ses responsabilités". Cela signifierait probablement de nouvelles élections législatives, ce qui serait une mauvaise nouvelle pour ses alliés centristes et les socialistes, mais profiterait surtout au Rassemblement national de Marine Le Pen (droite dure).
  • La présidence de M. Macron s'achève dans 18 mois, mais les appels à la démission se multiplient. Il a rejeté à plusieurs reprises la tenue d'élections présidentielles anticipées, mais cela n'est pas exclu. L'ancien ministre de Macron, Benjamin Haddad, affirme que sa démission n'aurait aucun sens, car le prochain président serait confronté au même problème : "Le clivage politique est là pour durer."
  • Même en l'absence d'un accord de gouvernement, les partis pourraient mettre de côté leurs divergences au Parlement et parvenir à un compromis sur un budget limité. Mais la politique française n'est pas connue pour sa culture du compromis.

Macron est-il à court de route ?

Après l'annonce de la démission de son troisième Premier ministre en un an, M. Macron a fait une longue promenade le long de la Seine, son téléphone portable à l'oreille.

Un coup d'éclat pour les caméras ? Peut-être, mais c'était un symbole de la nature solitaire de sa position, alors qu'il est confronté à certains des choix les plus difficiles de sa présidence et que certains de ses anciens alliés semblent l'abandonner.

Mais le président connaît depuis un certain temps les défis politiques qui l'attendent et il n'est pas du genre à abandonner sans se battre - ou sans tenter une nouvelle fois de stabiliser une France de plus en plus ingouvernable. On a le sentiment que le temps est peut-être compté pour le maître des horloges.