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Interdire les médias sociaux aux moins de 15 ans, selon un rapport français mettant en garde contre les risques de TikTok

Interdire les médias sociaux aux moins de 15 ans, selon un rapport français mettant en garde contre les risques de TikTok
Laure Miller (R), auteur principal, et Arthure Delaporte ont présidé la commission qui a duré six mois.

Les enfants français de moins de 15 ans devraient être interdits d'accès aux médias sociaux et un "couvre-feu numérique" devrait être instauré pour les 15-18 ans, selon une recommandation d'une commission parlementaire.

L'enquête de six mois sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs a révélé que la plateforme de partage de vidéos courtes "expose sciemment nos enfants, nos jeunes, à des contenus toxiques, dangereux et addictifs".

" Nous devons obliger TikTok à repenser son modèle", déclare la commission, qui a entendu des témoignages d'adolescents et de familles de jeunes victimes.

TikTok a répondu qu'elle rejetait catégoriquement la "caractérisation trompeuse de notre plateforme" par la Commission, qui cherchait à "faire de notre entreprise un bouc émissaire face aux défis sociétaux et à l'échelle de l'industrie".

"TikTok dispose d'un programme de confiance et de sécurité solide et continu, avec plus de 70 fonctionnalités et paramètres conçus spécifiquement pour favoriser la sécurité et le bien-être des adolescents et des familles sur notre plateforme", a déclaré un porte-parole dans un communiqué.

Les mesures prises par l'entreprise n'ont toutefois pas impressionné la commission d'enquête multipartite française, qui décrit TikTok comme l'une des pires plateformes de médias sociaux, "une chaîne de production de détresse" pour les jeunes. Elle estime que TikTok n'a pas pris de mesures suffisantes pour réduire l'exposition des adolescents à une "spirale de contenus préjudiciables".

Les recommandations de l'enquête parlementaire française font suite à l'entrée en vigueur, le 10 décembre, d'une interdiction des médias sociaux australiens pour les enfants de moins de 16 ans. Les "plateformes de médias sociaux limitées par l'âge" telles que Facebook, Instagram, Snapchat et YouTube se verront infliger de lourdes amendes si elles ne prennent pas de "mesures raisonnables" pour interdire aux moins de 16 ans de détenir un compte.

La commission d'enquête française a été créée après qu'un groupe de familles a accusé TikTok d'exposer leurs enfants à des contenus susceptibles de les pousser à mettre fin à leurs jours. Elle a entendu les témoignages d'enfants et de parents.

"Le contenu qu'elle regardait était mortel... et donnait la priorité aux chansons qui prônent le suicide comme une libération", a déclaré une mère dont la fille s'est suicidée en 2021.

Une autre femme, Martine, a déclaré qu'elle avait vu sa fille Lilou, qui s'est suicidée à l'âge de 14 ans, regarder des vidéos de personnes parlant de dépression et de choses plus graves.

"A aucun moment elle n'a été exposée à des contenus qui auraient pu lui donner envie de vivre", explique Martine à FranceInfo. "Elle a été inondée de vidéos qui proposaient la mort comme solution.

Parmi les 43 recommandations de l'équipe d'enquête française visant à sortir les enfants français "du piège TikTok" figurent les suivantes :

  • l'interdiction des médias sociaux pour les moins de 15 ans
  • pas d'utilisation des applications pendant la nuit de 22h00 à 08h00 pour éviter le défilement pendant la nuit
  • l'interdiction des téléphones portables à l'école
  • et, dans les années à venir, un délit de négligence numérique pour les parents qui ne protègent pas leurs enfants.

Laure Miller, auteur principal de l'enquête, a expliqué que l'idée d'un délit pour les parents de négligence numérique n'était en fait qu'une extension de la loi existante.

"Si un enfant de six ans passe sept heures par jour devant TikTok, nous pouvons nous poser la question suivante : leur sécurité et leur moralité sont-elles vraiment protégées par leurs parents ?

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La France fait partie des pays de l'UE qui cherchent à limiter l'utilisation des médias sociaux par les enfants. Le Danemark envisage également d'interdire les médias sociaux aux moins de 15 ans, et le gouvernement espagnol a transmis au parlement un projet de loi visant à obliger les moins de 16 ans à demander à leur tuteur légal d'autoriser l'accès à ces médias.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré mercredi qu'elle suivait de près la mise en œuvre de la loi australienne et qu'elle chargerait un groupe d'experts de présenter un rapport d'ici à la fin de 2025 sur la "meilleure approche pour l'Europe".

En réponse aux recommandations de l'enquête française, TikTok a déclaré qu'il avait déjà introduit une limite de 60 minutes pour les moins de 18 ans et qu'il avait également incité les moins de 16 ans à éteindre leur application après 22h00.

Le président de l'enquête, Arthur Delaporte, a déclaré qu'il avait décidé de transmettre au procureur de la République de Paris les allégations selon lesquelles TikTok aurait délibérément "mis en danger la vie" de ses utilisateurs, et qu'il appartenait au procureur de décider de la suite à donner à cette affaire.

M. Delaporte a également été chargé d'enquêter sur le décès de l'influenceur français Jean Pormanove, qui a été diffusé en direct le mois dernier sur la plateforme Kick.

L'Assemblée nationale réfléchit à la manière de réglementer le secteur numérique et la façon dont les contenus sont monétisés.