Un rapport parlementaire sur TikTok, présenté jeudi, recommande l'interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans et l'instauration d'un couvre-feu numérique pour les 15-18 ans. Cela vise à lutter contre les pièges des algorithmes qui affectent la santé des adolescents. Cette mesure, soutenue par l'Élysée, enverrait un message clair aux familles sur les dangers avant 15 ans, selon la députée Laure Miller.
La commission d'enquête, lancée en mars, a auditionné pendant des mois des familles de victimes, des responsables de plateformes et des influenceurs pour examiner l'algorithme de TikTok. Cette application, très prisée des jeunes, a influencé d'autres réseaux sociaux, rappelle Mme Miller. Elle a été créée après que TikTok ait été poursuivi en justice par sept familles l'accusant d'exposer leurs enfants à des contenus dangereux.
Problèmes d'attention, de sommeil et d'estime de soi
TikTok déclare faire de la sécurité des jeunes sa priorité absolue. Le rapport envisage une interdiction avant 18 ans si les réseaux sociaux ne se conforment pas aux règles, notamment celles du règlement européen DSA. Les responsables de TikTok ont mis en avant une modération assistée par l'IA, ayant supprimé 98% des contenus interdits en France l'an dernier.
Cependant, les députés estiment ces efforts insuffisants, avec des règles faciles à contourner. Le nombre de modérateurs francophones a baissé de 26% entre 2023 et 2024. Les contenus nocifs continuent de circuler, renforcés par des algorithmes qui enferment les jeunes dans des environnments préjudiciables.
D'autres conséquences négatives comprennent la diminution de l'attention, les troubles du sommeil et les difficultés d'estime de soi, particulièrement pour les adolescentes confrontées à des standards de beauté irréalistes, d'après Mme Miller.
Une loi sur la majorité numérique non appliquée
Pour les 15-18 ans, le rapport suggère un couvre-feu numérique de 22h à 8h, une campagne d'information sur les risques, et l'introduction d'un délit de négligence numérique pour les parents négligents. L'interdiction avant 15 ans est une initiative du président Macron.
Des directives récentes de la Commission européenne ouvrent la voie à une réglementation nationale, avec une vérification d'âge à l'inscription, selon Laure Miller. Toutefois, des défis techniques et des inquiétudes sur les libertés individuelles subsistent.
Une loi française adoptée en 2023 impose une autorisation parentale pour l'accès des moins de 15 ans aux réseaux sociaux, mais elle n'est pas mise en œuvre faute de certitude sur sa conformité au droit européen.