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Modification controversée des recommandations vaccinales

Un comité d'experts choisi par le ministre de la Santé a décidé jeudi de réviser les directives sur le vaccin contre la rougeole, en dépit de l'opposition de nombreux scientifiques et médecins.

Modification controversée des recommandations vaccinales
Illustration d'une réunion d'experts débattant des politiques de vaccination.

Les experts désignés par le ministre de la Santé sous Donald Trump ont approuvé jeudi un changement des recommandations pour le vaccin contre la rougeole, contre l'avis des professionnels de santé, avec des craintes de modifications supplémentaires à venir.

Ce vote, intervenu dans un climat politique chargé, a été très attendu, le groupe ayant été récemment restructuré par le ministre sceptique Robert Kennedy Jr.

Citant des risques d'effets secondaires mineurs et sans danger liés au vaccin combiné RORV, le nouveau Comité consultatif sur les pratiques de vaccination a opté pour ne plus le recommander aux enfants de moins de quatre ans.

« C'est une tactique pour inquiéter les parents sans raison », a déclaré Sean O'Leary, expert en maladies infectieuses et pédiatrie, lors d'un entretien avec des journalistes.

Désormais, la vaccination des jeunes enfants se fera via deux injections distinctes : une pour la rougeole, les oreillons et la rubéole, et une autre pour la varicelle.

Plusieurs spécialistes avaient averti que cette décision pourrait semer la confusion et rendre l'accès aux vaccins plus difficile.

Affirmations trompeuses

« Toute modification devrait améliorer et non affaiblir le système protégeant la santé des enfants », a critiqué Syra Madad, épidémiologiste, dans une déclaration à l'AFP.

Cette situation est d'autant plus préoccupante que les taux de vaccination ont baissé depuis la pandémie de Covid-19, risquant un retour de maladies mortelles comme la rougeole, qui a déjà causé trois décès en 2025, du jamais vu depuis plus de trente ans.

D'autres changements pourraient suivre : le comité examine aussi la vaccination des nouveau-nés contre l'hépatite B et prévoit d'étudier vendredi les vaccins anti-Covid-19.

Martin Kulldorff, biostatisticien dirigeant le groupe, a annoncé que d'autres vaccinations, notamment pour les femmes enceintes, seront révisées plus tard, en ouvrant la réunion sur une note défensive et en affirmant que le comité est « pro-vaccin » malgré les critiques.

« Lorsqu'il y a des divergences scientifiques, ne faites confiance qu'aux experts ouverts au débat public », a-t-il déclaré.

Wilbur Chen, médecin spécialiste des infections, a réagi vivement : « Ils ne veulent pas débattre sur des bases scientifiques solides, mais répètent des informations fausses et manipulées », a-t-il tempêté auprès de l'AFP.

Scepticismes infondés

Lors de la réunion, des experts ont présenté des données et avis sur les vaccins, certains exhortant à maintenir les recommandations actuelles.

« Vous basez vos décisions sur des informations limitées et donnez une image erronée de la réalité », a tonné Jason Goldman, représentant d'une association médicale.

Cody Meissner, professeur de pédiatrie et seul opposant du comité, a exprimé ses réticences, notamment concernant un vote prévu vendredi sur le vaccin contre l'hépatite B.

« Ce vaccin est parfaitement sûr, et ainsi, nous allons créer des doutes inutiles dans l'esprit du public », a-t-il alerté.

Les recommandations de ce comité influencent la couverture des vaccins par les assurances et programmes, un aspect crucial dans un pays où un vaccin peut coûter des centaines de dollars.

Face à cette tension, l'Académie américaine de pédiatrie et certains États dirigés par les démocrates ont décidé de publier leurs propres directives, jugeant celles du comité peu fiables.

Début juin, le comité remodelé avait déjà suscité des critiques en promouvant des thèses anti-vaccination.