Les électeurs suisses se rendent aux urnes dimanche pour décider de l'introduction de cartes d'identité électroniques.
Le projet a déjà été approuvé par les deux chambres du Parlement, et le gouvernement suisse recommande de voter en sa faveur.
Il s'agit du deuxième scrutin national sur la question, après que les électeurs ont rejeté l'idée en 2021 en raison de préoccupations concernant la protection des données et du malaise suscité par le fait que le système proposé serait géré en grande partie par des entreprises privées.
Selon la proposition révisée, le nouveau système resterait entièrement entre les mains des pouvoirs publics, les données des cartes d'identité électroniques seraient stockées sur les smartphones des utilisateurs plutôt que de manière centralisée, et le système serait facultatif.
Les citoyens peuvent toujours choisir de se fier à la carte d'identité nationale, qui est la norme en Suisse depuis des décennies.
Afin d'apaiser les craintes relatives à la protection de la vie privée, une autorité particulière recherchant des informations - une preuve d'âge ou de nationalité, par exemple - ne pourra vérifier que ces détails spécifiques.
Les partisans du système affirment qu'il facilitera grandement la vie de chacun, en permettant à toutes sortes de procédures bureaucratiques - de l'obtention d'un contrat de téléphonie à la preuve que vous avez l'âge requis pour acheter une bouteille de vin - de se dérouler rapidement en ligne.
Mais la Suisse a une longue tradition de protection de la vie privée de ses citoyens. Les lois sur le secret bancaire, aujourd'hui largement diluées, ont été conçues pour protéger les finances personnelles d'un individu des regards indiscrets de l'État.
Pendant des années, Google Street View a suscité la controverse en Suisse. Aujourd'hui encore, à la suite d'un arrêt du Tribunal fédéral suisse, les images prises à proximité d'écoles, de refuges pour femmes, d'hôpitaux ou de prisons doivent être automatiquement floutées avant d'être mises en ligne.
Il y a également beaucoup moins de caméras de vidéosurveillance en Suisse que dans beaucoup de ses voisins européens.
Les opposants aux cartes d'identité électroniques, qui ont recueilli suffisamment de signatures pour imposer un nouveau référendum sur la question, font valoir que cette mesure pourrait également porter atteinte à la vie privée.
Ils craignent également que, malgré les nouvelles restrictions sur la manière dont les données sont collectées et stockées, elles puissent encore être utilisées pour suivre les personnes et à des fins de marketing.
Les derniers sondages d'opinion montrent toutefois que les électeurs pourraient cette fois-ci être prêts à donner une chance à la carte d'identité électronique.
Ils ont déjà fait l'expérience de la carte d'identité gouvernementale Covid, qui a été utilisée pendant la pandémie pour indiquer le statut vaccinal et qui était obligatoire pour entrer dans les restaurants et les bars.
Le scepticisme initial s'est transformé en satisfaction, lorsque les gens ont réalisé que cela leur permettait enfin de sortir et de se déplacer à nouveau.
En ce qui concerne les préoccupations relatives à la commercialisation des données personnelles, la plupart des Suisses possèdent des smartphones et sont des utilisateurs assidus des médias sociaux.
Les géants de la technologie recueillent déjà leurs goûts et leurs aversions, de nombreux électeurs en sont conscients, et pensent donc que permettre aux autorités suisses de vérifier quelques détails de temps en temps ne peut pas vraiment faire une grande différence.