Le Sénat suisse soutient la motion pour le verre réutilisable

Est-ce que la Suisse utilisera à nouveau du verre recyclé produit localement? C'est l'objectif du Conseil des États, qui a voté de justesse, avec 22 voix pour et 21 contre, une motion de Pierre-Yves Maillard. Il demande au gouvernement de créer des incitations pour que la fabrication et la commercialisation du verre recyclé soient rentables en Suisse.

Pierre-Yves Maillard a déposé sa motion en juin 2024, peu après l'annonce en mai de la fermeture de l'usine Vetropack à Saint-Prex. Cette usine recyclait 30% du verre usagé en Suisse. Aujourd'hui, 84% du verre jeté est exporté. Il a précisé qu'environ 110'000 tonnes de verre sont envoyées en Italie, en Allemagne et en République tchèque, et chaque bouteille parcourt entre 800 et 1200 km avant de revenir en Suisse. Cela équivaut à 11'000 camions supplémentaires sur les routes, selon ses estimations.

Pierre-Yves Maillard demande donc la mise en place de conditions favorables pour produire du verre recyclé par lavage et réutilisation. Il affirme que cela améliore le bilan écologique de 85%. Il a souligné que des projets existent en Suisse, les compétences et infrastructures sont disponibles, et une association faîtière, Swiss REuse, a été créée cette année. Seul le soutien de l'État manque, a-t-il argumenté. Il a aussi évoqué l'idée d'imposer que certaines boissons produites et consommées en Suisse soient conditionnées dans du verre recyclé local.

La motion a reçu l'appui du Centre et de la gauche. Mathilde Crevoisier Crelier a déploré que le Conseil fédéral, dans sa révision de l'ordonnance sur les emballages, n'ait pas prévu d'encouragements spécifiques au réemploi du verre. Elle a insisté sur le fait que réutiliser le verre usagé est deux fois plus bénéfique que le recycler, ce qui présente un intérêt énergétique et économique important.

La droite s'est opposée à la motion. Benedikt Würth, au nom de la commission, a expliqué que le transport a peu d'impact sur le bilan écologique du verre recyclé. Que la production ait lieu en Suisse ou dans un pays voisin ne change pas fondamentalement l'écobilan.

Le Conseil fédéral était également contre. Albert Rösti a rappelé que la révision de la loi sur les emballages vise déjà à faciliter la réutilisation. Il a noté que le verre usagé suisse est très demandé à l'étranger grâce au tri par couleur, ce qui assure une qualité élevée. Il a toutefois regretté la fermeture de Vetropack, qu'il considère comme néfaste pour l'économie circulaire en Suisse.

Le dossier est maintenant transmis au Conseil national.