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Appel des Rohingyas à l'ONU pour la justice et le retour

Des membres de la minorité musulmane ont émis un appel poignant mardi depuis l'ONU, demandant que la communauté internationale écoute les peines de leur peuple opprimé.

Appel des Rohingyas à l'ONU pour la justice et le retour
En 2017, 750 000 Rohingyas ont trouvé refuge au Bangladesh durant une répression militaire décrite comme un «génocide».

«Où est la justice pour les Rohingyas?» ont lancé des délégués de cette communauté musulmane dans un appel vibrant mardi à l'ONU, pour que la planète entende les souffrances de leur peuple persécuté en Birmanie ou entassé dans des camps au Bangladesh.

Maung Sawyeddollah a fui la Birmanie pour le Bangladesh avec 750 000 autres Rohingyas lors de la répression militaire de 2017 qualifiée de «génocide», et a ensuite vécu sept ans dans un camp de réfugiés.

«Nous ne vous avons pas oubliés»

Du podium de l'Assemblée générale des Nations Unies, le jeune fondateur du Réseau des étudiants Rohingyas a transmis un message émouvant aux membres de sa communauté restés dans l'État Rakhine, à l'ouest de la Birmanie : «Nous ne vous avons pas oubliés. Peut-être croyez-vous que le monde ignore vos peines. Les Rohingyas vous observent, les Rohingyas partagent vos souffrances».

Puis il s'est emporté contre la communauté internationale réunie à l'ONU pour une conférence spéciale sur ce dossier. «Où est la justice pour les Rohingyas?», a-t-il hurlé. Les Rohingyas, une minorité sans nationalité principalement musulmane, subissent des persécutions en Birmanie, un pays à majorité bouddhiste, depuis des décennies.

Des enfants Rohingyas ayant trouvé refuge en Indonésie.
Des enfants Rohingyas ayant trouvé refuge en Indonésie.

Visés par la junte militaire et les groupes armés bouddhistes

«La junte empêche l'aide humanitaire, se sert des Rohingyas comme boucliers humains et poursuit une oppression systématique. Le génocide n'a pas cessé en 2017, il s'est intensifié», a signalé Wai Wai Nu, une militante pour les Rohingyas ayant été emprisonnée plusieurs années en Birmanie.

«Les Rohingyas sont désormais pris pour cible par l'Armée d'Arakan», un groupe ethnique armé surtout bouddhiste qui lutte contre la junte et «reproduit» ses agissements, «meurtres, incendies, tortures, enrôlement forcé, agressions sexuelles», a-t-elle déclaré.

«Leur existence est marquée, jour après jour, par le racisme et la crainte», a synthétisé le haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi, en mentionnant également la situation précaire des 1,2 million de réfugiés au Bangladesh, confrontés aux conséquences des réductions sévères de l'aide internationale.

Le Bangladesh, nation hôte, ne peut plus faire face

«Nous endurons également une grande souffrance dans les camps risqués et bondés», a relaté Lucky Karim, ayant vécu six ans dans le camp de Cox's Bazar, tout en exprimant sa «profonde reconnaissance» envers le Bangladesh pour cet hébergement. Ainsi, «notre objectif est de retourner dans notre pays natal en sécurité et avec des droits, mais comment?», a demandé la militante, dirigeante de l'ONG Femmes réfugiées pour la paix et la justice.

«L'intensification du conflit en Birmanie constitue apparemment un frein impossible à surmonter pour leur retour», a répondu l'envoyée de l'ONU pour la Birmanie, Julie Bishop, qui a rencontré la semaine passée à Naypyidaw le leader de la junte au pouvoir, Min Aung Hlaing.

Dans cette situation, le premier ministre du Bangladesh, Muhammad Yunus, a exhorté la communauté internationale à «exercer une pression efficace sur la Birmanie et l'Armée d'Arakan pour cesser immédiatement la persécution des Rohingyas et entamer rapidement leur rapatriement vers l'État Rakhine». Face à la diminution de l'aide internationale dans les camps, «la seule issue pacifique est de débuter leur rapatriement», a-t-il insisté, en mettant en avant les «dépenses colossales» que son pays doit «subir».