Grosse surprise ce dimanche: après plusieurs rejets dans les urnes ces dernières années - dont la dernière fois en 2012- les Suisses vont finalement accepter l'abolition de la valeur locative, cet impôt fictif que paient les propriétaires de maison ou de logement. Le dépouillement n'est pas terminé mais ils devraient accepter à près de 59% un projet en ce sens du Parlement. Il fallait aussi la majorité des cantons. Elle est déjà acquise puisque dix cantons et cinq demi-cantons sont favorables à l'objet. Cela signifie qu'avec 12,5 voix cantonales, la majorité de douze voix a été atteinte.
Mais on assiste à un gros Röstigraben. Tous les cantons romands ont en effet refusé l'objet. Dans le canton de Vaud, les citoyens disent non pour le moment à près de 64% et à Genève à près de 66%. À Neuchâtel et dans le Jura, c'est terminé. Les deux cantons l'ont rejetée à 61,6 et 61,2%. Fribourg l'a également refusée, mais à la raclette, à 50,8%. En Valais, qui possède de très nombreuses résidences secondaires et qui subira ainsi de grosses pertes fiscales, le niet définitif s'élève à 60,3%. La participation est de 46,4%.
En revanche, tous les cantons alémaniques - sauf Bâle-Ville - ainsi que le Tessin ont dit oui à la fin de la valeur locative. C'est dans le canton d'Appenzell Rhodes Intérieures que le oui est jusqu'ici le plus marqué. Les citoyens on en effet plébiscité à 75,1% l'abolition de cet impôt fictif.

Concoctée après sept ans de débat, la nouvelle proposition vise supprimer cet impôt sur le montant théorique qu'un propriétaire peut retirer de son logement s'il le met en location. Ceci tant pour les résidences principales que secondaires. En contrepartie, les intérêts de la dette hypothécaire et les frais d'entretien ne seront plus que partiellement déductibles. Conséquence: des pertes pour les cantons, en particulier ceux qui sont dits «touristiques». Raison pour laquelle les Chambres avaient décidé de leur permettre de créer un impôt spécial sur les résidences secondaires.